La société japonaise a été grandement modifiée avec l’arrivée des occidentaux en 1868 et quoi de mieux que le livre d’un des fondateurs du Japon Moderne pour comprendre ce que ces changements ont impliqués ?
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Dur de vous proposer une présentation de l’auteur, ou un résumé, puisque ce livre est une autobiographie dictée, donc autant dire que tout y est révélé…
Pour être brève, je vous dirai simplement que Fukuzawa Yukichi (1835-1901) est un penseur japonais ayant vécu pleinement l’ouverture du Japon à l’occident en 1868. Fils de samourai a eu une vie bien remplie (traducteur, enseignant, philosophe, écrivant, journaliste, politicien…) ainsi qu’une grande influence sur la société.
Dans La vie du vieux Fukuzawa racontée par lui-même, (福翁自伝, Fukuōjiden) il raconte absolument toute sa vie, de son enfance, à sa vieillesse.
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Bien qu’elle relate l’existence complète d’un homme, La vie du vieux Fukuzawa raconté par lui-même, cette autobiographie se lit facilement, et je dirais même rapidement, même si elle est pleine d’informations.
De nombreux chapitres, et énormément de sous-parties composent ce livre. On retrouve également des repères, géographiques et chronologiques, qui nous permettent de situer dans l’Histoire japonaise, la vie de Fukuzawa Yukichi.
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Fukuzawa Yukichi était au premier plan pour se rendre compte des changements du Japon. A l’arrivée des occidentaux, il avait 33 ans, ce qui lui a permis de bien connaître son pays avant, mais aussi de prendre conscience de tous les changements. Il a donc pleinement vécu cette période de transition.
Les chapitres vont de son enfance, évoque l’éducation donnée par ses parents, ses études, ses voyages au Japon, mais aussi en occident…, à ses vieux jours. Le tout est agrémenté de plein d’anecdotes croustillantes sur sa vie, et une multitude de thèmes sont évoquées, comme l’alcool, ses méfaits et prouesse en tant qu’étudiants. Et certaines parties font bien sourire.
Bien entendu, en tant qu’homme public et politique, qui ne se prive pas pour donner son avis, il évoque également ses ennemis, mais aussi, plus grave, les menaces de morts qui pesaient sur lui.
Nous avons le droit à plusieurs comparaisons entre l’Occident et le Japon, et, par exemple, Fukuzawa Yukichi déclarera ne pas aimer les testaments à l’occidentale. Mais s’il n’apprécie pas tous les aspects de l’étranger, il n’est pas non plus avare sur la société japonaise, critiquant ouvertement son gouvernement.
Je pense que les parties « Je vais pour la première en Amérique » ainsi que « Je visite les pays d’Europe » sont particulièrement parlantes et nous renseignent énormément sur les différences culturelles et ce qui pouvait étonner, d’un côté comme de l’autre. Mais j’ai également apprécié lire sur son enfance, et aussi ses études, avec des anecdotes très intéressantes, comme quoi les étudiants, à qui un livre avait été prêté, le recopiaient intégralement avant de le rendre, afin de pouvoir l’étudier.
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La vie du vieux Fukuzawa racontée par lui-même est un sacré témoignage, qui raconte bien l’avant et l’après arrivée des occidentaux. Tout est raconté par une personne qui a vécu les faits ce qui peut, paradoxalement, rendre le récit très véridique, mais il est également possible d’en douter. En effet, ici, une seule version est présentée, et avouons-le : l’auteur relate toujours des faits où il a un rôle assez flatteur. Une grande partie des événements sont racontés bien des années plus tard, donc les faits peuvent avoir été différents des souvenirs.
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De nombreux événements historiques sont évoqués, voire même expliqués de l’intérieur, et c’est un réel témoignage que nous retrouvons dans ce livre. Bien entendu, étant donné que tout a été dicté par Fukuzawa Yukichi, le style est très oral, avec un grand nombre de répétitions. Ce livre ne se lit pas comme un roman, cependant, pour tous ceux qui sont intéressés par l’histoire japonaise, je dirai presque que c’est un must-read pour en savoir plus sur cette époque, qui est tout sauf anodine.
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La vie du vieux Fukuzawa racontée par lui-même
Editions Albin Michel
Publication 2007
411 pages
A très vite pour une autre lecture sur le Japon !
Brybry’