La nuit de Notre-Dame

Qui a oublié que Notre-Dame a brûlé ? C’est un lieu que j’aime énormément, et je l’ai regardée en proie aux flammes, avec effroi. Obnubilée par ce spectacle ravageur, à l’affût de nouvelles, je dois reconnaître que, sur le moment, je n’ai assez pas pris conscience du travail de ceux qui œuvraient à la sauver. A tort.

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La nuit de Notre-Dame est un témoignage de plusieurs pompiers, de rangs et de casernes différentes. Quelles sont les opérations sur lesquelles on les appelle, comment les casernes sont réparties dans la Capitale, où est-ce qu’elles interviennent… On apprend à connaître plusieurs de ces pompiers, au travers de leur parcours, quelques éléments sur leur vie familiale, ainsi que la naissance et la raison de leur vocation. Leur quotidien, leurs entraînements sont également développés.

C’est une immersion avec pudeur dans la vie de ces hommes et ces femmes. Il y a énormément de solidarité, de fraternité, un véritable esprit d’équipe avec une confiance absolue, et il est très plaisant de lire sur ces liens. A chaque aspect de l’intervention à Notre-Dame, on sent la cohésion, le groupe, ce qui les rend si fort.

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Ma lecture s’est faite avec les images de Notre-Dame en flammes en tête et avoir un témoignage direct fait voir les faits sous un autre aspect. Tout est raconté de manière chronologique, avec plusieurs points de vue, et on découvre avec étonnement que le premier appel fait aux pompiers pour déclarer l’incendie est arrivé bien tardivement. Ah, si on pouvait retourner en arrière… Cela m’a fait prendre conscience de beaucoup de choses que je n’avais pas vu le soir même, des lieux de la Cathédrales qui n’étaient pas forcément montrés à la télévision le soir de l’incendie. Je me souviens de mon horreur en voyant la flèche tomber, et j’ai découvert avec encore plus d’effroi que des pompiers se trouvaient en dessous au même moment. Cette façon de redécouvrir les événements de l’intérieur est bien différent et nous apprend beaucoup de choses que les vidéos, les photographies, n’ont pas pu nous raconter.

La lecture de ce livre se fait facilement. Les passages sont courts, vont d’un point de vue à l’autre et, bien qu’il y ait plusieurs termes techniques, ceux-ci sont toujours expliqués rapidement.

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Je dois dire que je suis bien heureuse de lire ce livre bien après les faits, en connaissant le dénouement de cette nuit.
L’atmosphère est assez anxiogène. Les dangers qu’encours les pompiers sont multiples, peuvent survenir à tout moment, les chutes de pierres sont nombreuses et la stabilité du bâtiment est plus qu’incertaine. Les fragilités de la cathédrale sont évoquées et à plusieurs reprises, il est dit que celle-ci est perdue. Entre le risque d’effondrement, celui qu’un camion apprêté se renverse dessus, la difficulté de combattre les flammes… Les descriptions sensorielles de chacun font prendre conscience de tout ce qu’on n’a pas pu voir, et du miracle que la cathédrale se tienne toujours debout. Miracle aussi, que les vitraux n’aient pas été touchés, que certaines statues se soient trouvées ailleurs, afin d’être restaurées, et que les trésors aient pu être évacués et protégés et surtout, qu’il n’y ait eu aucune victime.

En plus d’en apprendre plus sur les faits en eux-mêmes, j’ai également beaucoup appris sur la vie des pompiers. Leurs organisation, leur routine, leur hiérarchie. Comment ils communiquent entre eux, comment ils apprennent à gérer leurs émotions sur le terrain, et, plus tristement, comment ils font face à la perte de leurs camarades. Pour les opérations comme celle sur Notre-Dame, comment ils s’organisent pour gérer les politiciens, les médias, les civils venus observer le brasier. J’ai également appris certaines facettes du métier que j’ignorais totalement, par exemple avec le pompier dessinateur qui croque ce qu’il voit afin de renseigner les autres sur l’avancée du feu.

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Mon seul regret sur ce livre sera qu’il se conclut sur les propos du Président de la République, et j’aurais préféré que cela se fasse avec la parole des pompiers. Ce détail mis à part, ce fut une lecture qui m’a énormément plu, et qui a été pleine d’émotions. J’ai beaucoup appris et mon respect pour les pompiers s’est encore trouvé grandi.

La nuit de Notre Dame
Editions Grasset
Publication 2019
234 pages

A très vite pour un nouvel article !
Brybry’

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Marraine – Emilie Chevallier Moreux

Ah, la marraine, ce personnage récurrent des contes de fées, jamais dépourvue de gentillesse et de bonnes paroles pour ses protégés… Si ce fut bien le cas pour Marraine Perrault, c’était il y a longtemps et les temps ont changés.

Disponible ici

Quelques mots sur l’autrice :
Emilie Chevallier Moreux est une autrice française, résidant en Dordogne, où elle enseigne. C’est dès l’année 2017 qu’elle décide de partager ses écrits en participant notamment à plusieurs appels à texte. Ses nouvelles apparaissent dans plusieurs recueils d’anthologie.
Sa page Facebook

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Résumé : Il était une fois, une bonne fée qui se penchait sur le berceau des nouveau-nés afin de les inonder de bienfaits pour les siècles des siècles. Et comme le dirait si bien Ric, l’un de ses petits protégés : trop bonne, trop conne !
Mais quelle mouche a piqué Marraine Perrault pour qu’elle prenne pareils filleuls sous son aile ? Entre Peau d’Âne la mère maquerelle, Aurore la top-modèle siliconée, Cendrillon la veuve noire et Riquet l’alcoolique notoire, on ne peut pas dire que l’affaire soit une réussite. Pour couronner le tout, ses pupilles risquent fort de se dresser entre elle et ce bellâtre slave qui lui est – littéralement – tombé dessus dans un centre commercial new-yorkais.
Parviendra-t-elle à se débarrasser de ces obligations qui l’accablent depuis si longtemps pour enfin trouver chaussure à son pied ? Pas si facile, quand on fait un petit 36…

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Dans cette réinterprétation de conte, le personnage principal n’est pas les princesses ou les princes, non, c’est Marraine Perrault qui est mise au centre de l’histoire. Un peu blasée, la Marraine, de toujours devoir réparer les pots cassés de ses filleuls, qui ont pourtant plusieurs siècles d’existence derrière eux, et qui semblent presque enchaîner les crises d’adolescence. Et quand on voit ce que sont devenus ses protégés, on comprend très bien qu’elle cherche à se sortir de son statut de protectrice.
J’ai beaucoup apprécié le fait que Marraine s’occupe de plusieurs personnages de contes, cela permettant un mélange sympathique qui permet d’aller un peu au-delà de la simple réécriture, puisqu’il y a plusieurs histoire à se réapproprier. S’il y a bien des points communs avec les trames d’origine, elles suivent cependant une route bien différente.

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L’histoire se déroule sur plusieurs époque. Le passé est raconté par Marraine Perrault dans un livre qu’elle écrit autobiographique qu’elle écrit, où elle révèle tout de son histoire et de celle de ses protégés. J’ai trouvé intéressant de lire sur ce qu’elle était, à l’origine. Son secret quant à ses capacités de sorcière, qui l’ont tiré de mauvais pas, mais aussi qui a faillit causer sa perte, et celles d’autres êtres vivants, à plusieurs reprises.
Mais on se retrouve aussi à l’époque moderne, dans un lieu qui n’est pas le moins vivant, puisque Marraine vit désormais à New York, une vie plutôt enviable, presque normale, étant donné qu’elle est autrice et n’utilise pas quotidiennement sa magie.
Tout cela nous permet de voir d’où viennent tous les problèmes de Marraine et ce qui les cause. Il ne tiendra plus qu’à elle d’y mettre fin.

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Dur de s’attacher aux personnages ! Et oui, il faut dire que Cendrillon, Peau d’Âne ou Aurore ne sont pas des plus agréables… Je regrette tout de même un petit manque de maturité généralisé, Marraine Perrault, pas exemple, semblant pencher vers la niaiserie quand elle se retrouve en présence de celui qui pourrait être son prince charmant.

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Si la plume de l’autrice ne m’a pas forcément transcendée, je trouve qu’il y a une différence de style plaisante entre les faits passés et présents, et on peut dire qu’elle fait bien le job et que l’autrice parvient à ses fins sans problème. Je dois avouer que je m’attendais à une histoire un peu plus loufoque en voyant le résumé, mais qu’elle était tout de même assez sérieuse, et surtout, pleine de cynisme. La romance est également présente, mais même si celle-ci joue un grand rôle dans l’histoire, ce n’est pas la seule raison poussant Marraine Perrault a vouloir changer de vie.

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Globalement, j’ai bien aimé cette lecture, qui n’est pas prise de tête. Si on se pose des questions durant notre lecture, lorsque le point final est posé, on a toutes nos réponses et on ne reste pas sur notre faim.

Marraine
Editions Noir d’Absinthe
Publication 2019
245 pages

On se retrouve très vite pour des nouvelles lectures, qui ne seront pas des réécritures de contes ! Quoique…
Bonne journée à tous !
Brybry’

Outsphere – Guy-Roger Duvert

Partir à la conquête de l’espace afin de trouver une nouvelle planète pour vivre fait frémir à la fois de peur, comme de curiosité. Outsphere aborde ce thème sans négliger aucun des aspects qui rend cette découverte aussi attrayante qu’effrayante.

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Merci à l’auteur pour l’envoi de son livre !

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Quelques mots sur l’auteur :
Guy-Roger Duvert est né en 1975 en France, et vit actuellement aux Etats-Unis. Auteur, mais pas que, il est également compositeur de musique de film, tout comme il est aussi scénariste, producteur est réalisateur. Son premier long métrage, Virtual Revolution a vu la naissance d’une bande-dessinée, reprenant cet univers.
Outsphere est son premier roman.

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Résumé : Après avoir quitté une Terre mourante du fait des erreurs de nos sociétés, l’Arche, premier vaisseau à coloniser une exoplanète, arrive au bout d’un long voyage de 80 ans. Les colons sortent de leurs caissons cryogéniques et découvrent ce qui doit devenir un nouveau commencement pour l’humanité. Une nouvelle planète, un monde principalement végétal baptisé Eden. Les surprises se cumulent vite : la surface abrite une espèce primitive mais intelligente, des ruines prouvent l’existence de civilisations passées avancées, le système climatique obéit à des règles très particulières. Mais malgré tout cela, la colonisation commence de manière somme toute très classique, avec les traditionnelles oppositions entre militaires, scientifiques, civils. Mais tout change avec l’arrivée d’un nouveau joueur : un second vaisseau spatial arrive, quelques mois seulement après l’Arche. A son bord, des Terriens partis 60 ans plus tard, bénéficiant d’une technologie plus avancée, et eux même fortement modifiés génétiquement. Capables de se synchroniser et de communiquer télépathiquement entre eux, ils sont devenus une espèce fondamentalement collectiviste, que tout oppose aux traditionnels Terriens individualistes de l’Arche. Les deux peuples essaient dans un premier temps de cohabiter et d’apprendre les uns des autres, mais les obstacles rencontrés, le passé de la planète qui s’avère beaucoup plus riche et mystérieux que prévu, vont rapidement augmenter les tensions. Eden représente-t-il un nouvel espoir, ou au contraire la fin d’une civilisation ? 

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Outsphere est un roman qui m’a presque donné l’impression d’être un film : très visuel, avec assez de description, on peut imaginer très facilement les scènes qui se succèdent.

Le roman commence dans un vaisseau spatial, avec le réveil d’une partie de ses occupants, habitants de la Terre à la recherche d’une nouvelle planète sur laquelle s’installer. Forcément, tout le monde ouvrant les yeux presque en même temps, on se retrouve face à un grand nombre de personnages en quelques pages. Cependant, on finit tout de même par les différencier au fur et à mesure du roman, lorsqu’ils apparaissent de manière plus individuelle.
Malgré leur nombre, leurs spécialités, j’ai trouvé qu’ils avaient tous été traités de manière égale par l’auteur, sans qu’il n’y ait de favoritisme ou de grand héros qui serait là pour sauver tout le monde. Avec un changement fréquent de points de vue, cela nous permet de voir l’histoire avancer à plusieurs points différents, mais aussi de comprendre les différents groupes de personnages (les militaires, les scientifiques, les civils, les Atlantes…). Il y a peut-être quelques stéréotypes parmi les protagonistes, mais sans non plus qu’on se tape la tête contre les murs car on trouve le récit prévisible.

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Le plus intéressant à mes yeux était bien évidemment de voir la façon dont la colonisation de cette nouvelle planète allait se faire. Comment continuer à vivre, repartir sur des bonnes bases, en suivant les modèles qui ont conduit à la destruction de la Terre ? Forcément, des désaccords apparaissent, tandis que certains veulent imposer leurs règles, qui jugent être les meilleurs. Mais il ne faut pas oublier l’existence de populations autochtones, qui ne voient pas forcément d’un bon oeil l’arrivée de cette nouvelle espèce. Et il y a également les Atlantes : ces humains modifiés qui ont plus de capacités que les autres. Télépathes, sans aucune notion d’individualité, il leur faudra eux aussi du temps afin de comprendre les Anciens, tel qu’ils nomment les humains originaux.
A la fin de ce premier tome, on a eu beaucoup de réponses sur cette conquête spatiale, mais beaucoup de mystères demeurent également, et j’espère que le tome suivant y répondra.

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J’ai eu quelques questionnements lors de ma lecture. Avec les conflits entre humains et Atlantes, l’évolution de chacun d’entre eux, de leur façon de pensée, j’en suis venue à me demander ce qui faisait de l’humanité ce qu’elle est. Et aussi, quelle est la légitimité à coloniser une nouvelle planète, habitée ? (Puisqu’on sait que la colonisation, sur Terre, n’a jamais bien tourné pour les autochtones, n’allons pas nous mentir). Et je n’ai pas pu m’empêcher de me demander, également, ce que je ferai dans ce genre de situation à part mourir de peur à chaque seconde.

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J’ai bien aimé ma lecture d’Outsphere, même si j’ai eu quelques problèmes à ma lecture, trouvant qu’il y avait énormément de répétitions. Hélas, celles-ci rendent la plume plus simpliste alors qu’on sent qu’il y a un réel travail derrière. Le roman se lit tout de même bien et avec facilité, malgré ce détail et je n’ai eu aucun souci en ce qui concernait l’intrigue. Les personnages, tout comme les différentes espèces sont bien travaillés.

Outsphere est une saga très prometteuse, bien qu’elle soit perfectible. Je verrai sans problème ce premier tome être adapté en film, surtout que j’ai, par moments, eu l’impression de lire des passages semblables à un scénario.

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Outsphere
Autoédition
Publication 2019
313 pages

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Connaissez-vous Outsphere ? D’autres livres parlant de conquête spatiale ? Vous seriez près à partir dans l’espace de cette façon ?

A très bientôt pour un nouvel article !
Brybry’

Le Musicien – Annabelle Blangier

Lorsqu’un musicien arrive dans le petit village de Hamelin, peu fréquenté par des étrangers, et encore moins par des instrumentistes, quelques doutes apparaissent, avant d’être rapidement balayés par de douces illusions… Puis reviennent danser avec lui les fantômes du passés.

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Ce livre a été obtenu via un Service Presse avec la maison d’édition Magic Mirror que je remercie !

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Quelques informations sur l’autrice :
Annabelle Blangier est une autrice française née en 1989. Intéressée depuis son jeune âge par la littérature, elle a écrit son premier roman à 15 ans, mais a préféré attendre plusieurs années avant de l’envoyer en Maison d’Edition. Elle a également suivit des études de lettres dans la ville d’Amiens. Si l’horreur et le fantastique sont des styles qui lui plaisent beaucoup, elle ne se limite pas à ceux-ci et elle s’inspire tant d’autres auteurs que de la musique lorsqu’elle pose ses mots sur papiers.
On peut retrouver sa plume dans différentes anthologies, ainsi que dans plusieurs romans, comme l’Intrus ou encore Une dette à payer.

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Résumé : Aucun village n’est aussi paisible que Hamelin. Conduits par un maire juste et protecteur, les habitants s’épanouissent en toute sérénité. Seule Lore, petite-fille du couple dirigeant, demeure frustrée de l’embargo posé sur la musique par son grand-père. Mais l’arrivée en ville d’un jeune virtuose pourrait bien faire imploser les règles sclérosées.
Au rythme des cours de musique clandestins qu’il donne à Lore, Raffael va peu à peu remuer le passé inavouable de Hamelin. À mesure que les désirs de vengeance s’exacerbent et que la mélodie du violon envoûte les cœurs, les masques tombent et le village plonge dans une spirale de violence sans précédent.
Lore, comme chaque habitant, sera mise face à un dilemme insoutenable.
Saura-t-elle choisir entre le devoir moral qui lui incombe et la tentation du châtiment qui la ronge ?

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Le Musicien fait partie de la collection Forgotten de la maison d’édition Magic Mirror, ce qui le classe donc dans les contes oubliés. Je ne savais que peu de choses sur le récit original, Le joueur de flûte de Hamelin, des frères Grimm. On peut résumer mes connaissances en trois mots : flûte, enfant, rats. Autant dire que j’étais dans la découverte totale dans ce roman et que je ne savais vraiment pas à quoi m’attendre. Mais j’étais déjà complètement sous le charme, grâce à la jolie couverture dessinée par Mina M, qui sublime ce roman.

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On se retrouve très rapidement plongé dans l’histoire d’un petit village, Hamelin, qui semble obéir à des règles immuables, édictées par le Maire et ses conseillers. Mais l’arrivée d’un Musicien bouleverse les habitudes de cette petite bourgade rarement visitée par des étrangers. Raffael, charismatique, mais mystérieux, n’a pas mis les pieds à Hamelin par hasard, et il faudra faire défiler les pages avant de tout savoir sur lui. Lore, la petite fille du Maire et de sa femme sera subjuguée par les talents musicaux de cet homme et ne tardera pas à devenir proche de lui, rêvant d’apprendre elle aussi à manier d’un instrument, et d’échapper à ce que son statut ainsi que sa famille, cherchent à lui imposer.

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Je me suis laissée prendre très facilement dans ce récit, notamment avec le premier chapitre, qui nous met très rapidement dans l’ambiance, et qui laisse déjà filtrer quelques indices quant à ce qui se passera à l’avenir, si on y est assez attentif (non, ce ne fut pas mon cas…).
Les différentes ambiances sont bien retranscrites, et on découvre avec plaisir le village de Hamelin, son histoires et ses habitants, tout se dévoilant au fur et à mesure. J’ai tout particulièrement aimé lire les passages concernant les enchantements, les effets qu’ils ont sur les gens et aussi l’atmosphère étrange, éthérée, qu’ils créent. Dans la même optique, j’ai également apprécié tous les passages qui parlaient de la musique, de ce qu’elle peut faire ressentir à ceux qui l’écoutent, et ce qu’elle révèle selon les airs joués. La plume d’Annabelle Blangier m’a réellement séduite, j’ai réellement eu l’impression de lire un conte et je n’ai eu aucun mal à imaginer les scènes qui se déroulaient. Il me faut tout de même dire que certains passages, marquant un tournant dans l’histoire, avaient un côté plus glauque, ce qui n’a pas été sans me rappeler les contes de fées originaux, qui ne sont pas en reste de ce côté là.

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Plusieurs points de vue se succèdent, et le narrateur met en avant plusieurs personnages vivant à Hamelin. De Lore et ses grands-parents, riches dirigeants de la ville, aux domestiques et amies de la jeune fille, en passant par Angelika, l’aubergiste logeant Raffael, qui, bien que séduite par le jeune-homme, n’est pas pour autant dupe. J’ai d’ailleurs eu un coup de coeur pour ce personnage, une femme courageuse qui n’hésite pas à agir, même contre ses envies, s’il le faut, écoutant son instinct.
Lore n’est pas parfaite, mais ses réactions aux différents événements m’ont paru justifiées, d’autant plus qu’elle n’a que seize ans, a toujours vécu dans un environnement assez rigide et privée de la vérité concernant sa famille.
On découvre le Musicien progressivement, on doute de lui, mais surtout, on veut connaître ses motivations. Libre à chacun de juger par la suite du bien fondé de ses agissements. Mystérieux, renfermé, ce n’est pas pour autant qu’il n’a jamais éprouvé de sentiments bien humains, au contraire.
J’ai beaucoup aimé découvrir les personnages plus secondaires, comme Jessika, Gretchen, ou encore les conseillés du Maire. Tous ont leur histoire, leur passé et ne sont pas là pour servir de faire-valoir aux protagonistes principaux.
La frontière entre les bons et les méchants est très fine, on voit les motivations de chacun et ce qui les pousse à faire leurs choix et, parfois, leurs mauvaises actions. Aucun personnage n’est outrageusement sublimé, et même pour Raffael, enchanteur, on se penche bien vite sur son côté plus sombre.

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Le Musicien est un roman qui contient beaucoup de mystères. Comment Hamelin a acquis sa réputation de ville imprenable, alors qu’elle n’a aucune armée ? Comment la population connait son histoire, sans réellement savoir ? Qu’est-il réellement arrivé à la mère de Lore ? Chacune de ces interrogations trouve sa réponse, sans apparaître de nulle part ni avoir une réponse que l’on pourrait trouver superficielle au vu des conséquences.

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Le Musicien est une lecture que je recommande sincèrement. C’est avec plaisir que je me suis plongée dans l’histoire de chacun des personnages et que j’ai découvert leur passé, dans cet univers extrêmement bien mené par Annabelle Blangier. Les références au conte original (présent en fin d’ouvrage) sont bien là, et l’on retrouve par moment la même ambiance dérangeante dans ces deux récits. Je pense pouvoir dire que ce roman a été un coup de coeur pour moi.

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Le Musicien
Editions Magic Mirror
Publication 2019
327 pages

Connaissez-vous Le Musicien ? Etes-vous friands des réécritures de contes ?

A très vite pour un prochain article !
Brybry’

Les fleurs sauvages – Holly Ringland

Dans les terres australiennes, la famille d’Alice Hart est brisée, par un mal qui semble ronger ses racines. Mais comment remonter à ses origines lorsque son histoire est tue ? Au milieu de la ferme horticole de Thornfield, la jeune fille devra réapprendre à vivre, et à communiquer, grâce au langage des fleurs, ou celui de ses émotions.

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Ce livre a été obtenu via le site netgalley.

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Quelques mots sur l’autrice :
Holly Ringland est une autrice australienne, qui a toujours eu une attirance pour les paysages, la culture, les histoires, et cet intérêt s’est accentué lors d’un voyage de deux années en Amérique du Nord alors qu’elle avait neuf ans. Elle a travaillé durant 4 ans dans une réserve en Australie et a déménagé au Royaume-Uni en 2009, obtenant par la suite un master d’écriture créative.
Les Fleurs Sauvages est son premier roman, et il a déjà été traduit en 8 langues.
Son site internet.

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Résumé :
« À cœur vaillant, rien d’impossible »
Lorsqu’une tragédie change à jamais sa vie, la jeune Alice Hart, âgée de neuf ans, part vivre chez sa grand-mère qu’elle ne connaît pas. Quittant le bord de l’océan où elle a grandi, elle trouve refuge dans la ferme horticole de June, où celle-ci cultive des fleurs sauvages d’Australie. Au fil du temps, Alice oublie les démons du passé et apprend à perpétuer la tradition familiale en utilisant le langage des fleurs pour remplacer les mots lorsqu’ils se font trop douloureux. Mais l’histoire des Hart est hantée par de nombreux secrets que June cache à sa petite-fille. Une sorte de fatalité semble accabler les femmes de leur famille, aussi June préfère-t-elle tenir Alice à l’abri de la vérité, quitte à la tenir à distance de l’amour. Une fois adulte, révoltée par ce silence et trahie par celles qui lui sont le plus chères, Alice se rend compte qu’il y a des histoires que les fleurs seules ne peuvent raconter. Si elle veut être libre, elle doit partir et inventer l’histoire la plus importante de toutes : la sienne…

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Je dois le dire, la première chose qui m’a attirée dans ce livre est sa couverture, que j’ai trouvé très belle et qui se marie parfaitement avec le titre. La mise en page interne poursuit sur cette jolie lancée, puisque l’on découvre, en début de chapitre, la présentation d’une fleur, avec une illustration et sa signification, qui, bien entendu, fait sens dans l’histoire. Pour ceux qui sont curieux, je les invite à regarder la partie « Cover art & illustrations » sur le site internet, afin de faire plaisir à leurs yeux.

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Pour l’histoire en elle-même, cependant, je ne peux malheureusement pas dire que j’ai été aussi séduite, puisque j’ai songé plusieurs fois à abandonner et que j’ai été indifférente à un certain nombre de passages. Je me suis assez ennuyée en ayant la sensation que l’histoire était lente, mais qu’à chaque fois qu’un tournant intéressant allait survenir, lui laissant l’opportunité de devenir plus dynamique, il y avait une ellipse.
On va suivre l’histoire de Alice Hart, qui, loin d’avoir une enfance heureuse, vit sous la menace permanente de son père. Les premières pages du livre sont donc très dures à lire, vu la violence qui émane de cette figure masculine. Par la suite, l’enfant sera placée chez sa grand-mère, qui garde en elle les secrets de sa famille, les promesses qui les renferme encore plus. Et si elle s’occupera de sa petite-fille dès leur rencontre, elle ne fera cependant pas toujours les meilleurs choix et toutes deux finiront par en pâtir.

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J’ai éprouvé beaucoup de mal à m’attacher aux personnages, et c’est surtout pour Alice, quand elle était enfant, ainsi que pour sa mère que j’ai eu beaucoup de peine. Cependant, une fois adulte, j’ai eu beaucoup plus de mal à compatir à son sort. Si dans la ferme de sa grand-mère June, l’on retrouve des personnages assez sympathiques, aimants, j’ai eu l’impression que la solidarité qui semblait émaner du groupe des femmes superficielle et même éphémère. (Par contre, j’ai eu 100% d’affection pour les chiens).
Ce que l’on ne peut pas nier cependant, c’est que toutes les situations étaient très plausibles et réalistes : on ne peut pas forcer quelqu’un à révéler ses secrets, ni pousser quelqu’un à se sortir d’une situation délicate s’il n’a pas conscience des dangers qu’il encourt. Malgré tout, je regrette beaucoup qu’aucun personnage n’ait essayé de parler à Alice et de ses problèmes, quitte à ce que les conseils ou avertissements soient ignorés.

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Pour ce qui est de la plume également, je n’ai pas été transportée. Mis à part quelques passages joliment rédigés, la plume de l’autrice m’a semblé être un peu simple, avec des répétitions que j’ai trouvées assez lourdes (mais il est possible que cela soit lié à un choix de traduction). Il faut également dire qu’il y a beaucoup de descriptions pour très peu d’actions, ce qui m’a personnellement ennuyé, d’autant plus que le personnage principal est muet durant toute une partie du récit et qu’il est impossible de placer des dialogues pour dynamiser le récit.
Toutefois, il y a des passages qui m’ont aussi pleinement convaincue, même s’il est vrai que j’aurais beaucoup aimé lire sur une journée complète à Thornfield, plutôt que de n’avoir que des aperçus, ici et là. Par exemple, les histoires sur le passé de la famille d’Alice, qui donnent plus de sens au récit, ainsi que les légendes australiennes. Découvrir ce pays, même s’il a fallu attendre la seconde moitié du roman pour cela, était également très plaisant. Ici, les descriptions étaient bien amenée et ne m’ont absolument pas lassées, au contraire.

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Au final, je n’ai pas été entraînée par Les Fleurs Sauvages autant que je l’aurais voulu. Le roman à certes un côté très réaliste, mais il n’a pas réussi à me séduire et je me suis surtout ennuyée. Néanmoins, c’est un livre qui est intéressant d’un certain point de vue, puisqu’il montre à quel point l’on peut répéter les schémas passés sans forcément s’en rendre compte. Si Les Fleurs Sauvages n’était visiblement pas pour moi, je pense cependant qu‘il pourrait plaire à d’autres lecteurs, qui aiment les romans assez lents, descriptifs et contemplatifs.

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Les Fleurs Sauvages
Editions Fayard Mazarine
Publication 2019
408 pages

Connaissez-vous Les Fleurs Sauvages ? Voudriez-vous vous perdre vous aussi parmi les fleurs d’Australie ?

A bientôt pour un nouvel article !
Brybry

Les Choryphèles de l’Empereur – Éric Lysøe

Anthelme, apprenti verrier et son Maître, Barthelemy répondent à une demande des plus ordinaires pour la reconstruction de vitraux dans une Abbaye. Mais il y a la probabilité qu’ils se perdent dans les reflets des rosaces ou d’un choryphèle…

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J’ai eu le plaisir de recevoir ce roman suite à une Masse critique de Babelio. Je les remercie, ainsi que la maison d’édition Le Verger des Héspérides, pour ce Service Presse.

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Quelques informations sur l’auteur :
Éric Lysøe est un auteur d’origine norvégienne, né en 1953, en Vendée.
Professeur de littérature comparée à Clermont-Ferrand, spécialiste de l’oeuvre d’Edgar Allan Poe ainsi que de la littérature Belge, il a également publié des essais sur la littérature fantastique.
Sa pratique de l’art ne s’arrête pas à l’écriture, puisqu’il est également compositeur, d’abord de jazz, puis d’électro-acoustique.
Son site officiel

Quelques informations sur l’illustrateur :
Y. Eban est un artiste franco-vietnamien qui a fait ses études d’art à Bordeaux. Il utilise tant l’aquarelle que l’acrylique et mêle ses racines à ses peintures. Il a illustré d’autres ouvrages littéraires et a également publié des croquis de voyage, en plus de prendre part à des expositions.
Son site officiel

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Résumé : Anthelme est un jeune apprenti qui veut devenir artiste verrier. Avec son maître Barthelemy, ils sont en route pour restaurer la rosace de l’église d’un monastère. Après la découverte d’un mystérieux choryphèle sur le chemin, le comportement du ,maître d’Anthelme devient étrange. Quel est le secret que cherche à cacher Maître Barthelemy ? Comment expliquer les phénomènes singuliers qui ont lieu dans la région ?

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Avant de m’intéresser à l’histoire en elle-même, il faut que je le dise : le livre est absolument magnifique. La couverture est déjà d’une grande beauté, mais au fil des pages l’on retrouve de nombreuses illustrations en plus d’enluminures en début de chaque chapitre.

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Ce livre suit les aventures et pérégrinations d’Anthelme, apprenti verrier qui se déplace aux côtés de son Maître afin de réaliser une commande de vitraux dans une Abbaye. Alors qu’ils s’y rendent, le maître trouve au bord du chemin un choryphèle.
Et si le titre du roman m’avait bien intriguée durant la sélection, j’avais une interrogation : qu’est-ce qu’un choryphèle ? Bien heureusement, ce questionnement est levé dès la première page : il s’agit d’une petite bille de métal, aux multiples reflets lumineux et étant réputée comme possédant des vertus protectrices.
Ces objets ont bien entendu un rôle important dans l’histoire, même s’il n’est pas flagrant dès le début et qu’il faut même attendre la fin pour lever tous les mystères sur leur origine et leur nature.
En attendant, plusieurs récits se mêlent les unes aux autres. Des histoires de brigands, la découverte de l’Abbaye et des gens qui la peuplent, mais aussi les conversations avec l’aubergiste et sa fille au village voisin. Une intrigue plus voilée, mais qui est pourtant bien prédominante que ce que l’on peut croire initialement. Peut-on réellement parler de coïncidence lorsqu’elle touche tout un village ?

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Les Choryphèles de l’Empereur est un ouvrage Fantastique. En effet, si l’on ne connait pas avec précision les lieux de l’action, la ville de Rome est nommée, tout comme une grande Peste et l’on sait que l’histoire se déroule au quatorzième siècle.
Des légendes sont évoquées au début, sans que l’on ne sache avec certitude si elles ne tiennent que du mythe, mais des éléments vont nous faire comprendre que, certaines créatures sont peut-être bien réelles. De plus, la création des Choryphèles en elle-même reste mystérieuse, même une fois l’histoire terminée. Est-elle magique, est-elle scientifique, ou est-elle un mélange des deux ?
Un des aspects réaliste que j’ai beaucoup apprécié était toutes les descriptions quant au travail du verre. Plutôt détaillées, elles permettent de comprendre les différentes étapes pour l’élaboration d’un vitrail en plus de temporiser un peu les actions. On comprend le travail d’Anthelme et de son maître, les difficultés qu’ils peuvent rencontrer et la façon idéale pour y pallier.

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Les aventures sont principalement vécues aux côtés d’Anthelme et je dois dire que c’est un personnage attachant, et que j’ai aimé découvrir l’histoire en le suivant. Presque enfantin, avec une certaine innocence, il reste concentré et vigilant dans son travail. Et, surtout, il possède un esprit vif, de bonnes capacités d’observation et d’action ce qui permet au lecteur de se questionner et de réfléchir à plusieurs hypothèses. En bref, malgré sa candeur il est loin d’être inutile même s’il n’est pas le plus efficace au corps à corps. Sa relation avec son Maître est plutôt bonne, pleine du respect qui est dû à son instructeur. On sent une certaine complicité entre les deux, et Maître Barthelemy n’est pas le dernier pour taquiner le jeune Anthelme…
Les personnages secondaires ont tous un véritable rôle, et ne sont pas là pour servir l’histoire ou de faire-valoir héros, bien qu’ils aillent tous dans son sens et que l’antagoniste principal n’ait pas fait son apparition directement dans ce tome.

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Le livre est présenté comme étant destiné à un lectorat assez jeune (douze ans), la plume est donc en accord avec le public visé, sans être enfantine, avec l’utilisation de termes qui ne sont pas forcément des plus simples. Cependant, à mes yeux, il pourrait justement être un roman qui permettrait de mettre un premier pied dans des lectures plus compliquées. Les thèmes abordés, eux, sont parfois sensibles. En effet, la guerre, ses effets et les punitions subies par les prisonniers sont largement évoquées. La souffrance physique de certains est également visible et décrite sans filtres.

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Les Choryphèles de l’Empereur, est un roman qui se lit facilement, sans prise de tête. Je recommanderai sa lecture à de jeunes adolescents qui voudraient étendre le champ de leur lecture (ou sortir des lectures scolaires obligatoires).
Pour ma part, c’était une bonne découverte, et je succomberai peut-être au(x) tome(s) suivant(s) au moins pour avoir le fin mot de l’histoire, étant donné que l’univers général m’a plutôt plus et que j’aimerais bien le connaître plus en profondeur.

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Les Choryphèles de l’Empereur
Editions Le Verger des Hespérides
Publication 2019
478 pages

Connaissez-vous les Choryphèles de l’Empereur ? Voulez-vous le lire ?
Quel est le premier livre qui vous a fait sortir de vos habitudes de lecture ?

A très vite pour un prochain article !
Brybry !

Ahogur – Sonia J. Fadda

Roman de fantasy médiévale issu d’une saga, ce premier tome d’Ahogur pose les bases d’un nouvel univers plutôt prometteur. Il m’aura fallu du temps pour plonger dans ma lecture et parvenir à en apprécier certains aspects, bien que les personnages en soient un point fort.

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Merci à Sonia J. Fadda pour sa confiance pour ce Service Presse !

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Quelques informations sur l’autrice :
Sonia Jarrige-Fadda est une autrice française née en 1973 et vivant actuellement à Montpellier avec sa famille. Même si elle a toujours aimé écrire, il lui aura fallu retrouver ses marques et ses habitudes avant de donner naissance à Ahogur.

La saga Ahogur compte six tomes (disponibles sur Amazon) et Sonia J. Fadda a également publié un recueil de poésie, Sous ma peau, peut-être ainsi qu’un recueil de nouvelles, Poudre Noire.

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Résumé : Ahogur est le premier volet d’une histoire se déroulant à une époque similaire à nos temps médiévaux. Dans un monde sans nom, au cœur des contrées humaines, Ulysse élève seul une poignée d’enfants trouvés. Le bûcheron leur enseigne tout ce qu’il sait et à eux six, ils forment une curieuse famille. Leur vie aurait pu suivre paisiblement son cours si d’inhabituels événements ne s’étaient produits à deux pas de chez eux. Des événements qui ramenaient Ulysse vingt ans plus tôt, vers un passé tumultueux.
Pressentant une menace dont elle ne sait rien, Solène sa fille, sera celle par qui la vérité fera son chemin. Ce faisant, elle apprendra que la violence et la mort se joignent parfois à l’amour et l’amitié par des détours inespérés. Et sous l’égide de l’alchimiste, elle découvrira l’existence de tout un monde caché au regard des humains. Où les créatures féeriques et les potions miraculeuses deviennent la normalité. Pour Solène, le voyage ne fait que commencer.

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Pour commencer, je dois prévenir que cette chronique sera peut-être plus nuancée que celles écrites jusqu’à présent. Je n’ai, contrairement à d’autres chroniques, pas été totalement conquise par ce livre, mais je reconnais les qualités tout comme ce que je qualifie personnellement de points faibles.

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Ahogur prend place dans un petit village, qui a une routine somme toute tranquille. Si le récit se concentre sur une famille bien particulière, puisque chacun des enfants a été recueilli par Ulysse, le bûcheron. Les liens qui les unissent sont forts, même si leurs caractères sont tous bien différents et qu’ils ne sont pas forcément toujours en accord.
J’ai trouvé les différents membres de cette maisonnée attachants. On apprend tous à les connaître assez rapidement et à les apprécier. Aucun d’entre eux n’a tous les défauts du monde ou est un bouc-émissaire, il y a donc un équilibre plaisant à lire. Leurs personnalités sont compatibles et même si des disputes arrivent, l’ambiance générale est bonne, chaleureuse et agréable à découvrir pour le lecteur.
On apprendra à tous les connaître au fur et à mesure, mais c’est surtout au travers de Solène, une des enfants recueillie par Ulysse que l’histoire se révèle. La narration étant à la première personne, on découvre les événements en même temps qu’elle, et tout au début du livre, elle s’adresse même au lecteur rapidement.
Comme pour les autres personnages, je l’ai trouvée assez bien construite, avec un tempérament qui lui est propre et qui ne ressemble pas à ceux des autres membres de sa famille. Elle est forte, ne se laisse pas faire, mais reconnait parfois qu’elle n’est pas aussi cultivée que ce que l’on pourrait espérer.

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Au fil des pages, les personnages vont vivre plusieurs aventures, ensemble ou non, qui les feront réagir de manière différente et leur permettra de forger leurs expériences. Même si certaines sont des plus funestes, puisque l’histoire se base notamment sur le mystère entourant des décès. Forcément, cela donne une idée du ton du roman dès ses débuts.
Bien heureusement, certaines seront plus légères et il y aura des histoires d’amour pour plusieurs des personnages. Si cela peut être mignon, j’ai tout de même eu un petit bémol à ce sujet. Pour une des relations développées, les deux protagonistes auront des relations sexuelles. En soit, je n’ai rien contre les scènes de sexe dans un roman, lorsqu’elles apportent quelque chose à l’histoire, ce qui est le cas ici, au début. Cependant, après la première scène du genre, elles ont commencé à se multiplier, sur un intervalle très court et apprendre que les personnages avaient une vie sexuelle très (très) active (vraiment, ils enchaînent sur plusieurs pages) ne m’a plus, alors, semblé si judicieux surtout au vu du nombre de scènes ou de sous-entendus qui se succèdent dans une petite trentaine de pages.

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Sur un point plus positif, il y a un élément que j’ai particulièrement aimé au début de ma lecture. J’ai souvent l’impression que pour rendre un personnage féminin fort, les auteurs vont lui donner les mêmes capacités physiques qu’aux hommes, alors qu’en réalité elles rencontreraient plus de difficultés. Pour Solène, comme pour ses frères et sœurs, chacun ont leurs compétences. Solène va exceller au lancer de couteau, tandis qu’Edwyna est remarquable au tir à l’arc et que leur frère Colin a un excellent niveau en jet de hache. Tous ont leurs propres compétences qui les rendent indispensables au combat sans que cela ne paraisse exagéré.

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Le récit en lui-même est plutôt convaincant. Certains passages sont un peu long, mais je trouve néanmoins qu’ils ont tous leur place et qu’ils permettent de faire avancer l’histoire.
Ahogur étant le premier tome de cette saga, il est normal qu’il serve d’introduction et pose les bases de l’histoire dans sa globalité. On comprend très rapidement que la quiétude qui est présente dans la première partie du récit ne le sera pas toujours, notamment à partir d’un moment charnière du récit qui entraîne un basculement irréversible. On sent que non, la paix n’est qu’illusoire et ce ne sont pas les rumeurs qui convaincront les lecteurs de l’inverse.
L’univers est intéressant, même s’il n’est qu’esquissé dans ce premier tome, on sent qu’il est approfondit sur certains points -par exemple pour les cérémonies du dernier vœu- et on comprend la situation géopolitique et ce que cela sous-entend par la suite.
Cependant, j’ai trouvé, surtout en lisant le résumé, que certains éléments étaient peut-être trop effleurés. En effet, pour ce qui est des « créatures féériques », je suis un peu restée sur ma faim, m’attendant à en voir plus. Elles étaient plus évoquées au travers d’un bestiaire que présentes physiquement dans l’histoire même si elles finiront par faire leur apparition au bout de plus de trois cent pages, mais ne seront pas beaucoup plus évoquées par la suite. Je pense cependant qu’elles auront un rôle plus important dans les livres suivants, mais j’aurais tout de même aimé les découvrir un peu plus dans ce premier tome.

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Pour ce qui est de la plume de l’autrice, malheureusement, il y a plusieurs éléments qui ne m’ont pas vraiment convaincue et qu’on m’ont un peu empêché de me plonger totalement dans l’histoire dès le début.
J’ai notamment eu un problème avec les dialogues, très nombreux et très longs. Il n’est pas rare d’en voir certains constitués d’une bonne dizaine de répliques (voire plus d’une vingtaine), sans qu’il n’y ait d’incises. Ceci, ainsi que la mise en page maladroite des dialogues, s’améliore quelque peu au bout du tiers du roman mais j’ai trouvé dommage que cela n’ait pas été uniformisé puisque ça m’a posé des problèmes de compréhension.
Un autre point un peu fragile est que la narration se fait en « je » au travers du vécu de Solène, mais qu’il arrive parfois qu’elle raconte des événements auxquels elle n’a pas assisté, sans que personne ne lui ai raconté. Ce déséquilibre se retrouve également dans une autre façon, dans le niveau de langage à l’oral comme dans la narration, avec des termes qui me semblaient assez peu inappropriés dans un monde dit médiéval.
Néanmoins, il y a tout de même du positif dans l’écriture, sinon je ne serai pas parvenue jusqu’à la fin de ma lecture. L’attachement aux personnages le prouve dans un premier temps et les scènes de combats, ou d’apprentissage des langues étrangères étaient bien rédigées.

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Pour finir, je dirai que je suis vraiment mitigée par ma lecture d’Ahogur. Il y avait de très bonnes idées mais la forme ne m’a pas réellement séduite. Je suis donc à moitié enthousiasmée pour lire la suite (puisque je pense que beaucoup des éléments effleurés y seront développés et que l’autrice a l’air d’avoir une très belle imagination) et dubitative selon le tournant que l’histoire peut prendre (notamment le fait que Solène va partir et que là où elle se rendra, sa couleur d’yeux et de cheveux la différenciera grandement des autres et que certains nobles cherchent à avoir ces caractéristiques).

Petite information intéressante :
– Il existe une page facebook pour la communauté des fan d’Ahogur.

Ahogur
Autoédité
Publication 2017
463 pages

Connaissez-vous Ahogur ? L’avez-vous lu, ou toute la sage ? Comptez-vous le faire ?

A très bientôt pour un nouvel article !
Brybry’