Un titre poétique, une couverture pleine de douceurs… Mais ce qui se cache parmi les pages de Si la lune éclaire nos pas contraste malheureusement avec l’idée qu’on pourrait se faire de ce roman. Il y a bien une certaine poésie, des moments empreints de tendresse et d’espoirs, mais la vie se déroulera avec son lot de malheurs pour une famille afghane…
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Disponible ici, ici ou encore là.
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Quelques mots sur l’autrice :
Nadia Hashimi est une autrice et pédiatre d’origine afghane, née en 1977 à New York, après que ses parents aient quitté leur pays. Nadia Hasimi commence a travailler dans le secteur médical en 2008, et c’est en 2014 qu’elle publie son premier roman La perle et la coquille, qui devient très rapidement un best-seller international. Si la lune éclaire nos pas est son deuxième roman, et il a rencontré le même succès que le précédent, tout comme son troisième livre, Pourvu que la nuit s’achève.
Féministe et engagée envers la situation des femmes afghanes, Nadia Hashimi est également engagée en politique.
Son site internet
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Résumé :
Kaboul est entre les mains des talibans. Depuis que son mari, considéré comme un ennemi du régime, a été assassiné, Fereiba est livrée à elle-même. Si elle ne veut pas connaître le même sort que son mari, elle doit fuir. Après avoir vendu le peu qu’elle possède, elle entreprend un voyage périlleux avec ses trois enfants, dans l’espoir de trouver refuge chez sa sœur, à Londres. Comme des milliers d’autres, elle traverse l’Iran, la Turquie, la Grèce, l’Italie et la France. Hélas, les routes de l’exil sont semées d’embûches : que devra-t-elle sacrifier pour de meilleurs lendemains ?
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Si la lune éclaire nos pas est une lecture mélancolique, douloureuse. On suit dans un premier temps uniquement le personnage de Fereiba, dans son enfance et sa jeunesse. Si elle n’est pas des plus heureuses, puisque la jeune femme a perdu sa mère à la naissance et que sa belle-mère ne l’éduque pas avec la même considération que ses enfants à elle, Fereiba grandit sans manquer d’autre chose que de l’affection maternelle.
Les personnages sont tous diversifiés, de Fereiba à son grand-père, son père, le souvenir de sa mère ou encore sa belle mère, mais aussi ses enfants et les rencontres qu’ils feront. Ils sont tous très humains, avec une histoire qui leur est propre et ils ont tant leurs qualités que leurs défauts. Que ce soit les autres réfugiés, les familles qui les accueillent, les policiers qu’ils croisent, on peut comprendre la façon d’agir de chacun d’entre eux. Le fils aîné de Fereiba, Salim, sera mis au coeur de certains chapitres et porte un autre regard que sa mère sur la situation qui les entoure.
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J’ai trouvé à la fois plaisant et déplaisant de découvrir la culture afghane. Apprendre certaines coutumes et croyances a été vraiment intéressants, tout comme j’ai adoré découvrir des auteurs que je ne connaissais pas, et encore plus découvrir plusieurs récits et poèmes, qui m’ont beaucoup plu. Cependant, voir à quel rang est parfois relégué la femme, inférieure à son mari, n’a évidemment pas plu me plaire.
Si la lune éclaire nos pas m’a touché parce qu’il nous fait voir la vie des migrants, des réfugiés telle qu’elle est réellement, tout en s’inscrivant dans des faits réels. La guerre, l’occupation, l’arrivée des talibans chamboulent les populations et Fereiba, son époux et ses enfants vivent cela de plein fouet. Ils n’ont pas d’autre choix que de s’enfuir pour tenter de survivre, devenant ainsi, où qu’ils aillent des voyageurs clandestins.
On voit directement à travers leurs yeux les épreuves qui s’imposent à eux, leurs sentiments et très souvent, leur découragement. S’ils luttent pour rester ensemble et en vie, au fil des pages, l’autrice nous rappelle que tous les migrants n’ont pas cette chance et tous ne parviennent pas à la fin de leur voyage. Tout est dépeint de manière à ce que l’on comprenne leurs difficultés tant physiques que morales. Se faire à l’idée de dormir dehors, le regard des autres… Des petits détails auxquels ils ne pensaient pas avant viennent aussi à leur manquer et surtout, la peur est omniprésente : peur d’être séparés, d’être arrêtés, d’être renvoyés d’où ils viennent et laissés à un sort peu désirable.
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J’ai particulièrement été marquée par un point précis. En effet, Fereiba et sa famille vont traverser l’Europe pour se rendre jusqu’en Angleterre et on va donc les voir passer par des endroits que l’on connait tous, que certains ont peut-être même visité. Et Fereiba ainsi que sa famille vont aussi dans ces lieux, mais dans des circonstances bien différentes… J’avoue d’ailleurs qu’entendre parler de la jungle de Calais, que j’avais fini (honteusement) par oublier a donner une perspective nouvelle à ce roman. C’était presque comme si les éléments du livres se superposaient indirectement à ma vie (puisque j’avais juste entendu parler de la jungle, que je ne m’y étais jamais rendue). On oublie les choses dès qu’on n’en parle plus, pourtant la misère continue, mais dans une indifférence encore plus profonde…
Si la lune éclaire nos pas est une bonne lecture, même si elle n’est pas de celle qui nous met de bonne humeur. Elle nous permet tout de même d‘apprendre beaucoup de choses, tant sur la culture afghane, que sur la vie à Kaboul avant et après l’arrivée des talibans. Instructive, elle donne également un nouveau point de vue sur la vie des migrants, qui n’est pas filtrée par l’image que peuvent nous montrer les médias.
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Si la lune éclaire nos pas
Editions Milady
Publication 2016
512 pages
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Connaissez-vous Si la lune éclaire nos pas ? Avez-vous déjà lu un livre qui vous a touché humainement ?
A très bientôt pour un nouvel article !
Brybry’