Les Choryphèles de l’Empereur – Éric Lysøe

Anthelme, apprenti verrier et son Maître, Barthelemy répondent à une demande des plus ordinaires pour la reconstruction de vitraux dans une Abbaye. Mais il y a la probabilité qu’ils se perdent dans les reflets des rosaces ou d’un choryphèle…

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J’ai eu le plaisir de recevoir ce roman suite à une Masse critique de Babelio. Je les remercie, ainsi que la maison d’édition Le Verger des Héspérides, pour ce Service Presse.

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Quelques informations sur l’auteur :
Éric Lysøe est un auteur d’origine norvégienne, né en 1953, en Vendée.
Professeur de littérature comparée à Clermont-Ferrand, spécialiste de l’oeuvre d’Edgar Allan Poe ainsi que de la littérature Belge, il a également publié des essais sur la littérature fantastique.
Sa pratique de l’art ne s’arrête pas à l’écriture, puisqu’il est également compositeur, d’abord de jazz, puis d’électro-acoustique.
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Quelques informations sur l’illustrateur :
Y. Eban est un artiste franco-vietnamien qui a fait ses études d’art à Bordeaux. Il utilise tant l’aquarelle que l’acrylique et mêle ses racines à ses peintures. Il a illustré d’autres ouvrages littéraires et a également publié des croquis de voyage, en plus de prendre part à des expositions.
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Résumé : Anthelme est un jeune apprenti qui veut devenir artiste verrier. Avec son maître Barthelemy, ils sont en route pour restaurer la rosace de l’église d’un monastère. Après la découverte d’un mystérieux choryphèle sur le chemin, le comportement du ,maître d’Anthelme devient étrange. Quel est le secret que cherche à cacher Maître Barthelemy ? Comment expliquer les phénomènes singuliers qui ont lieu dans la région ?

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Avant de m’intéresser à l’histoire en elle-même, il faut que je le dise : le livre est absolument magnifique. La couverture est déjà d’une grande beauté, mais au fil des pages l’on retrouve de nombreuses illustrations en plus d’enluminures en début de chaque chapitre.

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Ce livre suit les aventures et pérégrinations d’Anthelme, apprenti verrier qui se déplace aux côtés de son Maître afin de réaliser une commande de vitraux dans une Abbaye. Alors qu’ils s’y rendent, le maître trouve au bord du chemin un choryphèle.
Et si le titre du roman m’avait bien intriguée durant la sélection, j’avais une interrogation : qu’est-ce qu’un choryphèle ? Bien heureusement, ce questionnement est levé dès la première page : il s’agit d’une petite bille de métal, aux multiples reflets lumineux et étant réputée comme possédant des vertus protectrices.
Ces objets ont bien entendu un rôle important dans l’histoire, même s’il n’est pas flagrant dès le début et qu’il faut même attendre la fin pour lever tous les mystères sur leur origine et leur nature.
En attendant, plusieurs récits se mêlent les unes aux autres. Des histoires de brigands, la découverte de l’Abbaye et des gens qui la peuplent, mais aussi les conversations avec l’aubergiste et sa fille au village voisin. Une intrigue plus voilée, mais qui est pourtant bien prédominante que ce que l’on peut croire initialement. Peut-on réellement parler de coïncidence lorsqu’elle touche tout un village ?

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Les Choryphèles de l’Empereur est un ouvrage Fantastique. En effet, si l’on ne connait pas avec précision les lieux de l’action, la ville de Rome est nommée, tout comme une grande Peste et l’on sait que l’histoire se déroule au quatorzième siècle.
Des légendes sont évoquées au début, sans que l’on ne sache avec certitude si elles ne tiennent que du mythe, mais des éléments vont nous faire comprendre que, certaines créatures sont peut-être bien réelles. De plus, la création des Choryphèles en elle-même reste mystérieuse, même une fois l’histoire terminée. Est-elle magique, est-elle scientifique, ou est-elle un mélange des deux ?
Un des aspects réaliste que j’ai beaucoup apprécié était toutes les descriptions quant au travail du verre. Plutôt détaillées, elles permettent de comprendre les différentes étapes pour l’élaboration d’un vitrail en plus de temporiser un peu les actions. On comprend le travail d’Anthelme et de son maître, les difficultés qu’ils peuvent rencontrer et la façon idéale pour y pallier.

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Les aventures sont principalement vécues aux côtés d’Anthelme et je dois dire que c’est un personnage attachant, et que j’ai aimé découvrir l’histoire en le suivant. Presque enfantin, avec une certaine innocence, il reste concentré et vigilant dans son travail. Et, surtout, il possède un esprit vif, de bonnes capacités d’observation et d’action ce qui permet au lecteur de se questionner et de réfléchir à plusieurs hypothèses. En bref, malgré sa candeur il est loin d’être inutile même s’il n’est pas le plus efficace au corps à corps. Sa relation avec son Maître est plutôt bonne, pleine du respect qui est dû à son instructeur. On sent une certaine complicité entre les deux, et Maître Barthelemy n’est pas le dernier pour taquiner le jeune Anthelme…
Les personnages secondaires ont tous un véritable rôle, et ne sont pas là pour servir l’histoire ou de faire-valoir héros, bien qu’ils aillent tous dans son sens et que l’antagoniste principal n’ait pas fait son apparition directement dans ce tome.

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Le livre est présenté comme étant destiné à un lectorat assez jeune (douze ans), la plume est donc en accord avec le public visé, sans être enfantine, avec l’utilisation de termes qui ne sont pas forcément des plus simples. Cependant, à mes yeux, il pourrait justement être un roman qui permettrait de mettre un premier pied dans des lectures plus compliquées. Les thèmes abordés, eux, sont parfois sensibles. En effet, la guerre, ses effets et les punitions subies par les prisonniers sont largement évoquées. La souffrance physique de certains est également visible et décrite sans filtres.

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Les Choryphèles de l’Empereur, est un roman qui se lit facilement, sans prise de tête. Je recommanderai sa lecture à de jeunes adolescents qui voudraient étendre le champ de leur lecture (ou sortir des lectures scolaires obligatoires).
Pour ma part, c’était une bonne découverte, et je succomberai peut-être au(x) tome(s) suivant(s) au moins pour avoir le fin mot de l’histoire, étant donné que l’univers général m’a plutôt plus et que j’aimerais bien le connaître plus en profondeur.

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Les Choryphèles de l’Empereur
Editions Le Verger des Hespérides
Publication 2019
478 pages

Connaissez-vous les Choryphèles de l’Empereur ? Voulez-vous le lire ?
Quel est le premier livre qui vous a fait sortir de vos habitudes de lecture ?

A très vite pour un prochain article !
Brybry !

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American Gods – Neil Gaiman

Les Dieux ont traversé les Océans jusqu’en Amérique, suivant les personnes qui leur vouaient un culte. Cependant, si les gens qui les révéraient étaient autrefois nombreux, ce n’est plus le cas et les divinités craignent désormais de disparaître. Et elles seront prêtes à tout pour survivre.

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Quelques mots sur l’auteur :
Voici mon troisième article concernant Neil Gaiman, et je ne sais plus trop comment vous le présenter !
Auteur anglais reconnu mondialement, il a écrit American Gods en 2001, et a été lauréat de cinq prix littéraires suite à sa publication.

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Résumé :
A peine sorti de prison, Ombre rencontre Voyageur, un personnage intrigant. Dieu antique, comme le suggèrent les indices énigmatiques qu’il sème à longueur de temps, fou furieux ou bien simple arnaqueur ? En quoi consiste le travail qu’il propose à Ombre ? En acceptant d’entrer à son service, ce dernier plonge au cœur d’un conflit qui le dépasse, opposant héros mythologiques de l’Ancien Monde et nouvelles idoles profanes de l’Amérique. Mais comment savoir qui tire véritablement les ficelles : ces entités légendaires saxonnes issues de l’aube des temps ou les puissances du consumérisme et de la technologie ? A moins que ce ne soit le mystérieux M Monde.

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American Gods relate l’histoire d’Ombre, qui sort de prison, mais ne retrouve pas la routine qu’il avait espérée. Embauché presque au moment où il pose un pied dans l’avion censé le ramener chez lui, il devient chauffeur pour un dénommé Voyageur. Arpentant les routes des Etats-Unis, il fera des rencontres variées, allant des personnages les plus hauts en couleurs, aux plus sombres.

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Comme le titre le laisse entendre, les Dieux sont bien présents dans cette histoire. Au travers de flashbacks, de sous-entendus ou de conversations, l’on apprend de quelle façon ceux-ci sont arrivés en ces terres. En effet, les individus ayant migré en Amérique ont amené leurs croyances, et donc leurs divinités, avec eux. Bien souvent, ces histoires ne sont pas des plus joyeuses, comme l’on peut s’en douter, en sachant, par exemple, quelles circonstances monstrueuses et inhumaines ont forcé des peuples africains à se retrouver sur ce continent.
Les Dieux, sont ainsi emportés avec ceux les révérant. Cependant, si les déités égyptiennes, éthiopiennes, nordiques ou des natifs américains sont d’abord puissantes, l’arrivée d’autres divinités, comme celle de la télévision ou d’internet, met leur influence à mal et les dieux originels perdront progressivement de leurs forces. Mais Voyageur est là pour les réunir et les mener au combat.
Découvrir différentes religions, Dieux, cultures de divers horizons a rendu ma lecture extrêmement plaisante et j’ai particulièrement aimé pouvoir imaginer un monde où tous les dieux se côtoieraient de la sorte. Je dois dire qu’au moins la moitié des divinités m’étaient presque totalement inconnues, et les découvrir était plus qu’agréable. J’ai beaucoup apprécié les flashbacks qui permettaient en plus de découvrir les personnes les révérant.

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Si de nombreux personnages sont d’origine divine, d’autres sont bien totalement humains, comme une auto-stoppeuse sympathique ou encore un personnage que l’on ne s’attendait pas à revoir.
Ombre, bien qu’étant le personnage principal, n’est pas forcément le plus attachant. Sans aller jusqu’à dire qu’il est passif, il accepte tout de même assez facilement les situations qui lui sont présentées, et suit les ordres quoiqu’il arrive. Les soeurs Zorya font probablement partie de mes grandes favorites. Chad Mulligan, un shérif (humain) fait preuve d’énormément de bienveillance et est un personnage bien rafraîchissant. L’histoire de Sweeney le dingue m’a parfois dérangée, parfois émue, mais certainement pas laissée indifférente.

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L’histoire, en elle-même, n’est pas difficile à suivre, bien que l’abondance de noms, personnages, intrigues secondaires, puisse parfois nous faire perdre le fil.
Il y a beaucoup de détails, et on sent que rien n’est posé là par hasard puisque tout finit par trouver une réponse. Des éléments qui nous semblaient insignifiants ont finalement une réelle influence et c’était tout à fait sympathique de voir tout ce qu’ils impliquaient. On sent toute l’intelligence de l’écriture de Neil Gaiman, qui a réfléchit à chacun des tournants que prenait son histoire pour que tout puisse s’expliquer.

Contrairement à d’autres ouvrages de Neil Gaiman, l’écriture est ici plus incisive. S’il y a, toujours, l’humour sarcastique reconnaissable de l’auteur, certains passages sont directs, et vont droit au but. Sans tomber dans le malsain ou l’insoutenable, certaines pages peuvent faire légèrement grimacer lorsque l’on voit ce qui arrive aux personnages.
Néanmoins, d’autres moments sont plein de poésie et de douceur. Je pense notamment à tous les passages où Ombre rêve, en particulier le premier lorsqu’il se trouve chez Czernobog et les trois soeurs Zorya.

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Petites informations intéressantes :
American Gods a été adapté en série !
– Un spin off, Anansi Boys, a été publié en 2005. Il peut se lire indépendamment d’American Gods.

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Americain Gods est un vrai coup de coeur. Le mélange de cultures, de religions le rend intéressant (et un peu éducatif) et j’avoue que ma curiosité a été titillée à plusieurs reprises. L’histoire elle aussi m’a séduite, bien que l’idée que des Dieux perdent leur influence alors qu’on croit de moins en moins en eux n’est pas forcément la plus originale au premier abord, tout ce qui se déroule autour l’est.

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American Gods
Editions J’ai lu
Publication 2017
604 pages

Connaissez-vous American Gods ? Est-ce que vous avez envie de le lire ?

Mes autres articles sur Gaiman :
Stardust
De Bons Présages, en co-écriture avec Terry Pratchett.

A très vite pour une prochaine lecture !
Brybry’

La fille d’encre & d’étoiles – Kiran Millwood Hargrave

Mon intérêt pour les étoiles est toujours entier, et quand j’ai vu le titre de ce livre, j’étais forcément titillée. Avec en plus une couverture magnifique et un résumé qui promettait plein d’aventures, je n’ai pas voulu résister lorsque j’ai vu l’exemplaire de La fille d’encre et d’étoiles à ma médiathèque.

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Quelques mots sur l’autrice :
Kiran Millwood Hargrave est née en 1990 à Londres.Diplômée de Cambridge et d’Oxford, à la fois autrice, dramaturge et poétesse, La Fille d’encre & d’étoiles est son premier roman. Il a remporté le Watersones Children’s Book en 2017 et s’est placé en tête des ventes, devenant un Best Seller.

Ses poèmes ont été publiés dans de nombreux magazines et ont remportés plusieurs prix. Actuellement, aucun de ses autres livres n’ont été traduits en français.

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Résumé :
Alors qu’il est interdit de quitter l’île de Joya, Isabella rêve des contrées lointaines que son père a un jour visitées et cartographiées. Quand sa meilleure amie disparaît, Isabella est résolue à faire partie de l’équipe de recherches. Guidée par une carte ancienne, appartenant à sa famille depuis des générations, et par sa connaissance des étoiles, Isabella prend part à l’expédition et navigue dans les dangereux Territoires Oubliés. Mais sous leurs pas, un mythe féroce s’agite dans son sommeil…

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Quelque part, dans un monde qui semble faire partie du notre -la technologie en moins-, puisqu’on parle d’India ou encore d’Afrika, se trouve l’île de Joya. L’héroïne de l’histoire, Isabella, fille de cartographe, aime son lieu de vie et les légendes qui existent à son sujet. Issue d’un foyer plutôt modeste et frappé deux fois par le drame, avec le décès de son frère jumeau et de sa mère, elle mène la vie normale d’une adolescente de treize ans, bien que sa relation avec la fille du Gouverneur ne soit pas forcément vue d’un bon oeil. En effet, celui-ci et sa famille vivent dans l’opulence, sans ce soucier des plus miséreux et quand Isabella s’en rendra compte, elle ne sera pas tendre avec son amie, ce qui entraînera les péripéties de ce roman. Les aventures qu’Isabella va vivre lui permettra, malgré l’urgence de la situation, de découvrir l’île de Joya, sur laquelle il n’est pas possible de se déplacer librement.

Comme je l’ai mentionné, le design du livre est très beau et attire immédiatement le regard. La couverture est simple mais joliment travaillée, et correspond bien au titre. On trouve également deux cartes à l’intérieur et les pages sont toutes décorées. C’est un joli bonus qui rend la lecture d’autant plus plaisante.

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Les personnages, sont assez nombreux et tous diversifiés. L’héroïne, Isabella, est assez attachante, dès le début de l’histoire. Au début, j’avais énormément de doutes sur le personnage de Lupe, qui me semblait tout simplement être détestable. Mais, bien heureusement, elle évolue beaucoup au fil des pages et devient un personnage qu’il est agréable à lire, même si, par moment, il lui arrive de retomber dans ses vieux travers. C’est peut-être le personnage que j’ai trouvé le plus humain, le plus agréable, malgré ses caprices. De manière globale, du haut de leurs treize ans, je trouve qu’elles font preuve de beaucoup de maturité, tout comme Pablo, bien qu’il soit plus âgé de deux années. Le père d’Isabella, « Pa » est très doux bien qu’il sache faire preuve de fermeté et le Gouverneurs et sa femme, eux, sont lointains et font parfois preuve d’une froideur extrême et déconcertante.
Les personnages secondaires, comme Masha ou l’institutrice apportent de la profondeur à l’histoire. Il y a une toute autre catégorie de personnages, les « bannis » sur lesquels j’aurais été ravie d’en découvrir un peu plus.

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L’histoire commence doucement, mais de façon agréable, de quoi poser les bases du récit et nous permettant aussi d’en apprendre plus sur Isabella et son père.
On sent que tout l’univers a bien été travaillé, notamment une des légendes de l’île autour de laquelle tourne une bonne partie de l’histoire. J’aurais adoré en savoir plus, et je dois avouer que j’ai parfois eu l’impression que le récit avançait trop rapidement par moment, tandis que ma lecture se faisait plus ennuyeuse par d’autres. Par exemple, j’aurais aimé avoir plus d’anecdote sur le frère d’Isabella, ainsi que sur sa mère, pour mieux compatir avec elle et mieux la comprendre. La cartographie, élément important de l’histoire, m’a semblé être plus effleurée que réellement utilisée, et j’avoue que je m’attendais à plus.
Malgré ces petites déceptions, je n’ai pas trouvé d’incohérence notable, uniquement quelques petites choses qui m’ont chiffonnées à la fin du récit. En effet, le récit s’accélère, les actions s’enchaînent et les personnages sont vraiment malmenés physiquement. Chutes de plusieurs mètres, blessures, brûlures, Isabella a même l’impression que son dos a été brisé en deux, elle manque de se noyer, et pourtant, elle reste capable de se déplacer, d’agir, et de réfléchir, même avec toutes ses douleurs.

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J’ai trouvé l’écriture tout au long du récit plutôt belle, les premières lignes m’ont tout de suite accrochées. Il y a parfois des descriptions assez poétiques, notamment lorsqu’il s’agit des légendes ou des histoires inventées par les personnages. D’autres sont parfois assez évasives, mais cela ne m’a pas empêché de bien imaginer les scènes, même si certaines sont un peu plus brouillons, donnant une impression de confusion.
Certains passages, cependant, m’ont vraiment semblé être un peu trop rapides, notamment avec la rencontre entre les bannis et Isabella, où tout semblait un peu trop vite couler de source. Certaines séparations, également, étaient traitées de manière rapide. J’aurais également apprécié avoir plus de descriptions de paysages, étant donné que la cartographie a une place centrale dans l’histoire (au point qu’il y ait deux cartes présentes dans le livre), et qu’il aurait été agréable de pouvoir mieux visualiser les décors.
Deux petits détails m’ont interloqués, mais je pense qu’il s’agit plus d’erreur de traduction ou d’inattention, puisque Isabella, qui se fait passer pour un homme est genrée au féminin par une personne qui n’est pas au courant de son travestissement et, plus tard, la mère d’un personnage devient sa fille.

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La fille d’encre & d’étoiles est un roman qui se lit bien, facilement, avec une histoire plutôt recherchée. J’aurais simplement aimé que l’autrice aille plus au bout des choses, développe plus sur les personnages, même les plus secondaires mais aussi sur l’histoire de l’île de Joya. Malgré quelques longueurs par moment, une bonne cinquantaine de pages en plus n’auraient pas été de trop.
Si ce n’est pas un coup de coeur, ça reste une jolie histoire, qui se lit rapidement et qui est plutôt agréable.

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La fille d’encre & d’étoiles
Editions Michel Lafont
Publication 2018
268 pages

Connaissez-vous La fille d’encre et d’étoiles ? L’avez-vous lu ?

A très bientôt pour un nouvel article,
Brybry

De Bons Présages – Neil Gaiman, Terry Pratchett

Le roman De Bons Présages est le résultat d’une collaboration entre Neil Gaiman et Terry Pratchett. Autant dire que je me voyais très mal passer à côté d’un tel ouvrage, sachant que j’aime la plume comme l’humour de ces deux auteurs. Et, pour mon plus grand plaisir, j’ai été servie.

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Quelques mots sur les auteurs :
Terry Pratchett, né en 1948 et décédé en 2015 est un des auteurs anglais les plus reconnus et les plus prolifiques de fantasy. Enfant, il s’est d’abord intéressé à l’astronomie, puis à la science-fiction anglaise et américaine. Âgé de dix-sept ans, il se lance dans le journalisme, tout en poursuivant des études pendant ses jours de repos. C’est en 1971 qu’il est édité pour la première fois, avec Le Peuple du Tapis, qu’il retravaillera par la suite. Terry Pratchett est notamment connu pour son oeuvre « Les annales du disque-monde » comportant plus d’une trentaine de tomes.
Il se distingue par sa plume, son humour particulier et par son non-respect des normes d’édition. Par ailleurs, Terry Pratchett, anobli en 2008, possède une épée forgée par ses soins et celui d’un forgeron, contenant plusieurs morceaux de météores.

Neil Gaiman est également un auteur anglais de fantasy, fantastique et science-fiction. Je l’avais déjà présenté dans mon article sur son livre Stardust.

Terry Pratchett et Neil Gaiman deviennent amis suite à leur rencontre en 1985 et publieront De Bons Présages (Good Omens) en 1990.

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Résumé :
L’Apocalypse aura lieu samedi prochain, après le thé ! Ainsi en ont décidé, d’un commun accord, les forces du Bien et celles du Mal. L’Antéchrist va fêter ses onze ans. Son éducation a été supervisée par un ange, Aziraphale, et un démon, Rampa, résidant sur Terre depuis l’époque de la première pomme. Mais voilà, suite à un coup du sort, l’enfant a été échangé à la maternité. Le véritable Antéchrist se nomme Adam et vit dans la banlieue de Londres. Et ça, ça change tout ! Une course contre la montre commence alors pour l’ange et le démon qui, finalement, se disent que la race humaine ne mérite pas son sort.

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Ma première tentative de lecture avait lamentablement échoué puisque je n’avais jamais reçu mon colis, autant dire que je suis heureuse d’avoir pu avoir ma petite revanche !

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De Bons Présages est composé de plusieurs idées qui paraissent assez communes (l’idée du Bien et du Mal qui s’affrontent, d’un enfant échangé à la naissance…) mais le déroulement est pour le moins innovant. Vont en effet se mêler des histoires de prophéties douteuses, de sorcières et d’inquisiteurs… en plus de la présence d’Anges et de Démons. Autant dire que c’est un roman plein de rebondissements, notamment pour les présages, qui arrivent de façon totalement farfelue et inattendue.

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Les personnages sont très nombreux, et il peut être assez facile de s’y perdre surtout au début et c’est là que je dis merci à la liste plutôt amusante qui les présente tous au début du livre (mention spéciale au molosse des Enfers). Je dois reconnaître qu’il me fallait parfois quelques instants pour remettre un personnage, me rappeler qui il était et quel était son rôle.
Cela ne m’a cependant pas empêché de comprendre l’histoire ni de m’y plonger. Je pense d’ailleurs que ça a permis de découvrir plus de personnages en profondeur, notamment pour Agnès Barge, que l’on aurait pas pu découvrir autant sinon. Quoiqu’il en soit, ils finissent bien entendu tous par se croiser et leur présence prend sens au fur et à mesure des pages, par exemple pour les quatre chevaliers de l’Apocalypse. Il existe un certain mystère qui flotte autour d’eux et qui ne sera révélé qu’au fur et à mesure. Aussi, les fans de Terry Pratchett et des Annales du Disque-Monde devraient retrouver avec plaisir un personnage bien particulier.
De mon côté, j’ai beaucoup aimé Adam, à savoir l’Antéchrist, qui refait le monde à sa façon, sans forcément se rendre compte des conséquences. Newton est quant à lui un personnage très attachant, un peu naïf mais qui ne rechigne pas à la tâche. Cependant, je dois avouer que j’ai eu un gros coup de coeur pour le duo d’Aziraphale et Rampa, attendant leurs passages avec impatience.

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L’humour est prédominant tout au long du récit. Il se cache parfois dans des détails, des jeux de mots où à la fin d’une situation qui offrira une chute inattendue mais d’autant plus amusante. Il y a toujours une péripétie, un contre-coup qui prête à sourire ou à rire. Bon, je dois tout de même avouer que je suis assez bon public et que j’ai tendance à rire pour peu de choses, mais je pense tout de même que d’autres que moi pourraient être amusés par l’humour des deux auteurs. Il faut s’attendre à sourire au moins toutes les cinq pages, si voire plus. J’ai notamment apprécié Aziraphale et sa trop grande gentillesse qui semble bien maladroite lors de la réparation d’un vélo, les notes de bas de page qui ne sont pas dénuées d’humour et qui sont vraiment à lire, ou encore la façon de Rampa de se battre contre un autre démon avec brumisateur.
Le texte est également parsemé de très nombreuses références, dès les premières pages, et même si je ne suis pas sûre de toutes les avoir eues, certaines m’ont fait bien rire.

« Bon, ben alors, j’y vais, babilla Rampa. Au revoir, à la pr… au revoir, quoi. Euh. Bon. Parfait. Bye. »

Pendant que la Bentley se noyait dans les ténèbres avec un hurlement de pneus, Ligur se demanda : « Il a dit quoi ?

– C’est de l’américain, expliqua Hastur. Ça veut dire : achetez. »

En parlant des auteurs, je n’ai pas remarqué de différence dans l’écriture. Ils avaient dans un premier temps décidé que l’un écrirait sur certains personnages et l’autre de ceux restant, mais au fur et à mesure du processus, ils ont finit par tout rédiger ensemble (au point que Terry Pratchett a déclaré « de grosses portions étaient écrites par une créature composite appelée Terryetneil » ).

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Même si j’ai adoré ma lecture, je dois être honnête et dire que j’ai mis plutôt longtemps à parvenir à la fin du livre. Il vaut le coup d’être lu, mais certains passages peuvent être un peu long ou on peut se perdre un peu entre tous les personnages, j’ai donc trouvé préférable de prendre mon temps et de bien le savourer sans précipiter ma lecture.
Néanmoins, De Bons Présages est composé de nombreux extraits qui se succèdent les uns à la suite des autres, ce qui peut faciliter la lecture où, au contraire, permettre de faire une pause au milieu d’un chapitre si le lecteur le souhaite.

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Petite information intéressante :
De Bons Présages va être adapté en série et diffusée dès le 31 mai par Amazon Prime !

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Si certains se sentent découragés par le nombre de personnages au début de la lecture, s’il vous plait, ne lâchez pas l’affaire et essayez d’aller jusqu’au bout. Je trouve que c’est une histoire qui vaut vraiment le coup et que passer à côté serait une erreur. Bien entendu, si vous n’accrochez pas au style, ne vous forcez pas, mais sachez que tout finit par prendre sens et qu’il existe une réelle logique à l’existence de chacun des personnages.

De bons présages
Editions J’ai lu
Publication 1995
440 pages

Connaissez-vous ce livre ? L’avez vous lu ? Avez-vous déjà lu un livre d’un de ces auteurs ?

A très vite pour un prochain article !
Brybry’

Vert-de-Lierre – Louise le Bars

Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas lu de roman gothique alors que j’adorais ce genre d’ambiance. Vert-de-Lierre m’a permis de m’y replonger tout en développant un récit où le fantastique est lui aussi présent, offrant ainsi une atmosphère sibylline mais avec une douceur végétale toute relative…

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Merci aux éditions Noir d’Absinthe pour leur confiance pour ce Service Presse !

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Quelques mots sur l’autrice :
Louise Le Bars est une jeune autrice qui a toujours aimé les histoires, contes et légendes. Enfant, elle s’inventait déjà des aventures avant de s’endormir et a commencé à écrire dès le très jeune âge de six ans. Elle a fait des études en Lettres Modernes, ce qui semble tout naturel vu son penchant créatif.

Louise Le Bars a publié deux livres pour enfants -peut-être pour faire rêver ceux-ci comme elle le faisait elle-même plus jeune- La petite fille qui chatouillait les étoiles et Le prince sans sourire. Son premier roman, Vert-de-Lierre, a d’abord été auto-édité avant d’être publié aux éditions Noir d’Absinthe.

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Résumé : Olivier Moreau, écrivain délaissé par la Muse, retourne dans le village de sa Grand-Mère, récemment décédée, pour mettre de l’ordre dans ses affaires comme dans son esprit. Il y renoue avec les souvenirs de son enfance, et redécouvre un étrange personnage de conte populaire local surnommé le Vert-de-Lierre, cet antique vampire végétal qui le fascinait enfant. Cet intérêt va déclencher des visions et cauchemars chez l’écrivain en mal d’imaginaire ainsi que la rencontre de deux femmes tout aussi intrigantes l’une que l’autre.
À quel prix Olivier retrouvera-t-il sa muse ?

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L’idée de base du roman, celle de l’auteur ayant besoin de recul pour retrouver l’inspiration est assez ordinaire, mais, bien heureusement, son traitement et le développement du récit sont bien loin de rester sur les sentiers battus.

L’histoire se dévoile petit à petit, directement au travers des yeux d’Olivier, puisqu’il en est le narrateur direct. Celui-ci retourne dans la maison de sa grand-mère après son décès dans l’espoir de retrouver l’inspiration. Il a beau être un écrivain reconnu, impossible pour lui d’écrire un roman. Il va donc se pencher sur une légende locale, celle concernant le Vert-de-Lierre. Mythe raconté pour que les enfants soient sages, ou histoire réelle ? Olivier devra faire bien des recherches pour connaître la vérité sur ce sujet mystérieux. Mais sa rencontre avec l’étrange Dahlia Midwinter changera la donne. « L’Anglaise » comme elle est nommée par les habitants, vit recluse, et d’étranges rumeurs circulent sur elle. L’apparition ensuite de sa nièce Rose bouleversera aussi Olivier. Tous deux discuteront, et lorsque la jeune femme apprend qu’elle est face à un auteur, elle lui confiera son propre manuscrit.

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Les deux histoires se superposent et c’est avec plaisir que je les ai toutes les deux appréhendées, mais je dois avouer avoir été notamment conquise et convaincue par le roman écrit de la main de Rose.
En plus de la beauté de la plume, l’histoire est intrigante. L’action arrive rapidement, avec un fond et une aura de mystère qui perdureront jusqu’au bout. Certains passages de cet ouvrage sont assez durs, Mary, l’héroïne -si on peut l’appeler ainsi- n’étant pas épargnée par la vie, notamment avec la répétition de certains événements bien tragiques. Je me suis rapidement attachée à ce personnage, qui se bat pour survivre mais qui n’est pas sans abdiquer parfois lorsque les situations la dépassent.
La vie d’Olivier n’est pas non plus dénuée d’intérêt, loin de là. On apprend à le connaître progressivement, on le voit évoluer dans un village où ses recherches et questionnements ne sont pas toujours les bienvenus. Plus calme, cela offre un certain repos au lecteur, surtout lorsque les extraits du roman de Rose sont éprouvants. Le dénouement de cette histoire est assez remarquable, même s’il est facile pour le lecteur d’en deviner certains points. Néanmoins, ce n’est pas avant la scène finale que tous les éléments du récit se complètent et font sens.

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On touche très rapidement au fantastique dans cette histoire, puisque dès le début, nous apprenons qu’Olivier, comme une grande partie des membres de sa famille avant lui, possède un don de clairvoyance. Ce premier pas dans le fantastique est d’autant plus renforcé par la légende du Vert-de-Lierre. Entre les personnes qui affirment -expérience à l’appui- que ce n’est pas un mythe mais une réalité, les quelques traces écrites sur cette figure mystérieuse et une rencontre effrayante d’Olivier dans le château de Mont-Drienne, on finit par penser nous aussi que ces histoires prennent racine dans des faits véridiques. Mais on ne peut que se demander jusqu’à la toute fin ce qu’il en est réellement, et surtout qui est ce Vert-de-Lierre en réalité ?

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Pour ce qui est de Mary, l’héroïne du roman de Rose, j’ai trouvé le personnage très bien traité. Si elle a ses qualités, elle a aussi ses défauts et elle évolue de façon cohérente tout au long de l’histoire. On s’attache pour elle tout comme on craint pour elle, surtout quand les éléments se font de plus en plus clairs.
Olivier également est un personnage consistant. S’il ne fait pas toujours preuve de prudence ou de rationalité, on comprend d’où cela vient. On compatit avec lui, ses problèmes et l’on vit ses doutes en même temps que lui. Ce n’est pas un personnage brouillon, désagréable, ce qui permet de s’immerger dans l’histoire et de le suivre sans rechigner.
Mon ressenti sur Dahlia et sur Rose était forcément un peu biaisé puisqu’elles sont toutes les deux vues au travers d’Olivier, et donc avec sa perception bien à lui. J’ai tout de même réussi à m’en défaire un peu, essayer d’adopter un point de vue un peu plus neutre pour m’en faire une idée moi-même.

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Si, sur la grande partie de l’histoire, je n’ai rien à redire en ce qui concerne la cohérence, j’avoue que certains points m’ont un peu perturbée sur la fin.
En effet, j’ai été surprise de la réaction d’Olivier qui n’avait pas l’air de comprendre certains points, alors que le lecteur les avait découverts en même temps que lui et qui me semblaient être plus que flagrants.

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L’ambiance générale du roman m’a beaucoup plu et elle m’a rappelé certains romans classiques de la littérature gothique anglaise. Si l’atmosphère est parfois lourde au vu des événements relatés, elle peut aussi se faire plus agréable à lire, plus poétique. Je pense tout particulièrement aux situations où tout ce qui touche au végétal est mis en avant ou encore les descriptions, celles de Rose par exemple.
L’écriture de Louise Le Bars est élégante, raffinée et recherchée. Très intelligente, elle y mêle des références et est très juste sur certains thèmes spécifiques. Les descriptions enrichissent le texte et nous permettent de nous projeter facilement dans le récit.

Vert-De-Lierre
Editions Noir d’Absinthe
Parution 2019
176 pages

Avez-vous lu ce livre ? Pouvez-vous deviner qui est le Vert-De-Lierre ?

A très vite pour parler d’une nouvelle lecture !
Brybry’ !